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| | | Nombre de messages : 1635 Âge : 38 Localisation : Limoges Date d'inscription : 14/01/2008 | Eva Li / Fiancée roide Lun 7 Avr 2008 - 19:24 | |
| Tu as raison. Je l'ai rajouté en version originale. |
| | Nombre de messages : 2714 Âge : 47 Localisation : Dans mon atelier de cerveau en vrac rempli de papiers, d'encre, de poussière d'idées... Pensée du jour : Tout va bien. Date d'inscription : 29/09/2007 | Nuée / Douce épine Lun 7 Avr 2008 - 21:17 | |
| Ma bohème
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot aussi devenait idéal;
J'allais sous le ciel, Muse! et j'étais ton féal;
Oh! là! là! que d'amours splendides j'ai rêvées!
Mon unique culotte avait un large trou.
-Petit Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
-Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou.
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
Des mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!
Arthur Rimbaud (1854 ; 1891) |
| | Nombre de messages : 1480 Âge : 36 Localisation : Dans mon manteau de printemps!!!! Date d'inscription : 23/12/2006 | Carol / La reine morte Lun 7 Avr 2008 - 22:41 | |
| Rimbaud a la cote. J'adore ce topic tout plein. Sonnets XVIII - William Shakespeare Shall I compare thee to a summer's day? Thou art more lovely and more temperate: Rough winds do shake the darling buds of May, And summer's lease hath all too short a date: Sometime too hot the eye of heaven shines, And often is his gold complexion dimm'd; And every fair from fair sometime declines, By chance or nature's changing course untrimm'd; But thy eternal summer shall not fade Nor lose possession of that fair thou owest; Nor shall Death brag thou wander'st in his shade, When in eternal lines to time thou growest: So long as men can breathe or eyes can see, So long lives this and this gives life to thee. |
| | | Invité / Invité Mar 8 Avr 2008 - 17:02 | |
| Prélude
Tu ne me connais pas, tu ne sais qui je suis, Tu ne m'aperçois pas, le soir, quand je te suis, Quand se perd ma pensée en tes lueurs de femme, Quand je m'en vais, noyant mes sens, noyant mon âme Dans les candeurs et les fraîcheurs de ta beauté. Tes regards clairs, pareils à des matins d'été, Si chastement encor s'arrêtent sur les choses : Tu n'as jamais su voir le trouble que tu causes, Jamais tu n'as su voir, en passant devant moi, Que je m'émeus et souffre, et pâlis près de toi ! À qui donc seras-tu ? Qui boira la lumière De tes yeux ? Qui verra l'ivresse printanière De ton premier amour ? Un soir, quel bienheureux Te tiendra sur son coeur comme un oiseau peureux ? Oh ! qui déroulera ta jeune chevelure ? Qui viendra respirer, ô fleur, ton âme pure, Et par de longs baisers courant sur tes bras nus Fera passer en toi les frissons inconnus ? Et moi, qui si longtemps t'ai cherchée et rêvée, Je dois donc te quitter, lorsque je t'ai trouvée !
Jean LAHOR |
| | Nombre de messages : 2714 Âge : 47 Localisation : Dans mon atelier de cerveau en vrac rempli de papiers, d'encre, de poussière d'idées... Pensée du jour : Tout va bien. Date d'inscription : 29/09/2007 | Nuée / Douce épine Mer 9 Avr 2008 - 9:07 | |
| Poésie contemporaine, slam et expression orale: Toucher l'instant. On a trempé notre plume dans notre envie de changer de vision De prendre une route parallèle, comme une furtive évasion On a trempé notre plume et est-ce vraiment une hérésie De se dire qu'on assume et qu'on écrit de la poésie Il existe paraît-il, un instant dans l'écriture Qui oublie la page blanche et efface les ratures Un véritable état second, une espèce de transe Qui apparaît mystérieusement et s'envole en silence Que l'on rape ou que l'on slame, on recherche ce moment Il allume une flamme qui nous éclaire brièvement Cette flamme est la preuve, laisse moi t'en faire une démo Qu'il est possible de combattre le mal par les mots C'est tout sauf une légende, on espère juste toucher l'instant Les quelques secondes du poète qui échappent à l'espace-temps Les moment rares et irréels que la quiétude inonde Rouda, n'oublie jamais notre parole du bout du monde On ressent comme une coupure dans la vie, comme un rêve On oublie les coups durs de la vie, comme une trêve C'est un phénomène puissant, je ne te parle pas d'inspiration Mais d'un souffle plus profond comme une seconde respiration On voit et on entend l'encre devenir vivante On goûte et on sent la saveur d'une rime errante On touche du doigt l'instant qui nous enveloppe de sa puissance C'est sans cesse la renaissance de l'essence même de nos cinq sens C'est le moment où on passe de l'autre côté des paysages On sympathise avec le vent et on tutoie les nuages Il fait jour en pleine nuit et il fait nuit en plein jour Profite de cet instant, il ne durera pas toujours C'est tout sauf une légende, on espère juste toucher l'instant Les quelques secondes du poète qui échappent à l'espace-temps Le moment où le voile se lève et la magie s'élance Là où j'ai croisé Souleymane au bout du sixième silence Si on a pas atteint le Nirvana, on doit en être au seuil Pourtant je suis simplement assis là devant ma feuille Peut-être que cet instant n'existe que dans mon esprit Et que je suis complètement mythomane lorsque j'écris Mais laisse moi mon stylo, y'a pas moyen que je m'arrête J'ai une envie d'écrire comme t'as une envie de cigarette Et pour m'enlever ce désir je te demanderais de repasser Car tant que je pourrais écrire je continuerai de penser Que c'est tout sauf une légende, on espère juste toucher l'instant Les quelques secondes du poète qui échappent à l'espace-temps Les moments que l'on redécouvre, que l'on connaît plus ou moins Tu l'as déjà touché Jacky, j'en suis témoin On a trempé notre plume dans notre envie de changer de vision De prendre une route parallèle, comme une furtive évasion On a trempé notre plume et est-ce vraiment une hérésie De se dire qu'on assume et qu'on écrit de la poésie.
Grand Corps Malade |
| | Nombre de messages : 340 Âge : 34 Date d'inscription : 20/08/2006 | Scan / Tapage au bout de la nuit Lun 21 Avr 2008 - 13:10 | |
| Maurice Maeterlinck Visions
Je vois passer tous mes baisers, Toutes mes larmes dépensées ; Je vois passer dans mes pensées Tous mes baisers désabusés.
C'est des fleurs sans couleur aucune, Des jets d'eau bleus à l'horizon, De la lune sur le gazon, Et des lys fanés dans la lune.
Lasses et lourdes de sommeil, Je vois sous mes paupières closes, Les corbeaux au milieu des roses, Et les malades au soleil.
Et lent sur mon âme indolente, L'ennui de ces vagues amours Luire immobile et pour toujours, Comme une étoile pâle et lente. |
| | | Invité / Invité Mer 23 Avr 2008 - 23:10 | |
| La Chevelure de Stephane Mallarmé
La chevelure vol d’une flamme à l’extrême Occident de désirs pour la tout déployer Se pose (je dirais mourir un diadème) Vers le front couronné son ancien foyer
Mais sans or soupirer que cette vive nue L’ignition du feu toujours intérieur Originellement la seule continue Dans le joyau de l’œil véridique ou rieur
Une nudité de héros tendre diffame Celle qui ne mouvant astre ni feux au doigt Rien qu’à simplifier avec gloire la femme Accomplit par son chef fulgurante l’exploit
De semer de rubis le doute qu’elle écorche Ainsi qu’une joyeuse et tutélaire torche |
| | | Invité / Invité Jeu 24 Avr 2008 - 23:16 | |
| Paul verlaine
Il pleure dans mon coeur Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s'ennuie, Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce coeur qui s'écoeure. Quoi ! nulle trahison ?... Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon coeur a tant de peine ! |
| | Nombre de messages : 1468 Âge : 35 Pensée du jour : "Deux rimes en or pour mille enfers" Date d'inscription : 26/12/2007 | Onicosmo / Roland curieux Sam 26 Avr 2008 - 14:05 | |
| Relique, Bertrand Werbrouck
En manque d’inspiration, je me rappelais les printemps sévères d’une saison bohémienne, le faste grotesque et impudique du blasphème de ce qui naît. Cette cérémonie profane se cueillait en bouquets de mille sons, mille couleurs, mille odeurs : les vins capiteux, sang neuf, la boue mystique, les fumées houleuses aux contours dénudés, les courants troubles, célestes et infinis. Ce viol cosmique m’échappait et apparaissait déjà la première ride de mon âme.
La lumière a coulé depuis et je revois ces choses comme on entre dans un temple sans dieux, pour se recueillir. C’est une glace frémissante où se figent les haillons d’un temps qui n’a plus d’âge, et où resplendit le reflet plein d’ardeur du créateur !
Tout cela est sur ton visage absent et interdit, idéal, ce visage qui m’appelle mais échappe à mon geste ! Laisse-moi l’anéantir, le faire voler en éclats, y planter une croix, pour l’éternité… |
| | Nombre de messages : 2348 Âge : 30 Localisation : Sorry, your request is no longer available. Pensée du jour : For heaven's sake, don't try to be cynical. It's perfectly easy to be cynical. Date d'inscription : 30/04/2008 | Sel / Guère épais Jeu 1 Mai 2008 - 19:47 | |
| Mon poème préféré : - Citation :
- La rose et le réséda de Louis Aragon
Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous deux adoraient la belle Prisonnière des soldats Lequel montait à l'échelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Qu'importe comment s'appelle Cette clarté sur leur pas Que l'un fut de la chapelle Et l'autre s'y dérobât Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous les deux étaient fidèles Des lèvres du coeur des bras Et tous les deux disaient qu'elle Vive et qui vivra verra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Quand les blés sont sous la grêle Fou qui fait le délicat Fou qui songe à ses querelles Au coeur du commun combat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Du haut de la citadelle La sentinelle tira Par deux fois et l'un chancelle L'autre tombe qui mourra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Ils sont en prison Lequel A le plus triste grabat Lequel plus que l'autre gèle Lequel préfère les rats Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Un rebelle est un rebelle Deux sanglots font un seul glas Et quand vient l'aube cruelle Passent de vie à trépas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Répétant le nom de celle Qu'aucun des deux ne trompa Et leur sang rouge ruisselle Même couleur même éclat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Il coule il coule il se mêle À la terre qu'il aima Pour qu'à la saison nouvelle Mûrisse un raisin muscat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas L'un court et l'autre a des ailes De Bretagne ou du Jura Et framboise ou mirabelle Le grillon rechantera Dites flûte ou violoncelle Le double amour qui brûla L'alouette et l'hirondelle La rose et le réséda Vraiment magnifique ... Vraiment magnifique. Je pleure presque chaque fois que je le lis (je ne pleure pourtant pas souvent devant des textes). Et un autre que j'aime beaucoup aussi : - Citation :
- L'adieu de Guillaume Apollinaire
J'ai cueilli ce brin de bruyère L'automne est morte souviens-t'en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps Brin de bruyère Et souviens-toi que je t'attends
Dernière édition par Sélénée le Jeu 1 Mai 2008 - 21:20, édité 1 fois |
| | | Invité / Invité Jeu 1 Mai 2008 - 21:15 | |
| - Carol a écrit:
Sonnet en yx - Stéphane Mallarmé
Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx, L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore, Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix Que ne recueille pas de cinéraire amphore
Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx, Aboli bibelot d'inanité sonore[,] (Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx Avec ce seul objet dont le Néant s'honore).
Mais proche la croisée au nord vacante, un or Agonise selon peut-être le décor Des licornes ruant du feu contre une nixe,
Elle, défunte nue en le miroir, encor Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe De scintillations sitôt le septuor. Mon poème préféré, je le connais par cœur, même bourré. Et c'est très classe en société. |
| | Nombre de messages : 1381 Âge : 130 Pensée du jour : Dans ton cul. Date d'inscription : 08/03/2006 | St. K / Tentatrice chauve Jeu 1 Mai 2008 - 21:28 | |
| Gaily bedight, A gallant night In sunshine and in shadow, Had journeyed long, Singing a song, In search of El Dorado.
But he grew old - This knight so bold - And - o'er his heart a shadow Fell as he found No spot of ground That looked like El Dorado.
And, as his strength Failed him at length, He met a pilgrim shadow - "Shadow, said he, "Where can it be - This land of El Dorado?"
"Over the Mountains Of the Moon, Down the Valley of the Shadow, Ride, boldly ride," The shade replied - "If you seek for El Dorado."
... C'est Poe. |
| | Nombre de messages : 5732 Âge : 34 Localisation : Oxfordshire Pensée du jour : Oui, je connais cette théorie. Date d'inscription : 23/12/2007 | Tim / Morceau de musique survitaminé Ven 2 Mai 2008 - 11:08 | |
| Ma, c'est bien ce qu'il me semblait, le poème en Yx est déjà à la page d'avant. |
| | Nombre de messages : 1635 Âge : 38 Localisation : Limoges Date d'inscription : 14/01/2008 | Eva Li / Fiancée roide Ven 2 Mai 2008 - 11:37 | |
| SONG de Allen Ginsberg (extrait de Howl) Le poids du monde est amour. Sous le fardeau de solitude, sous le fardeau d'insatisfaction le poids, le poids que nous portons est amour. Qui peut nier? Rêvé il touche le corps, pensé construit un miracle, imaginé angoisse jusqu'à naissance dans l'humain - regarde par le coeur brûlant de pureté - car le fardeau de vie est amour, mais nous portons le poids avec lassitude et devons ainsi reposer dans les bras de l'amour à la fin, reposer dans les bras de l'amour. Nul repos sans amour, nul sommeil sans rêves d'amour - soyez fou ou glacé obsédé d'anges ou de machines, le voeu dernier est amour - ne peut être aigri ne peut dénier ne peut s'abstenir si dénié: le poids est trop lourd - doit donner sans retour comme la pensée est donnée en solitude dans toute l'excellence de son excès. Les corps chauds brillent ensemble dans l'obscurité, la main s'avance vers le centre de la chair, la peau tremble de bonheur et l'âme vient joyeuse à l'oeil - oui, oui, c'est ça qu'je voulais, j'ai toujours voulu, j'ai toujours voulu, retourner au corps où je suis né. The weight of the world is love. Under the burden of solitude, under the burden of dissatisfaction the weight, the weight we carry is love. Who can deny? In dreams it touches the body, in thought constructs a miracle, in imagination anguishes till born in human - looks out of the heart burning with purity - for the burden of life is love, but we carry the weight wearily, and so must rest in the arms of love at last, must rest in the arms of love. No rest without love, no sleep without dreams of love - be mad or chill obsessed angels or machines, the final wish is love - cannot be bitter, cannot deny, cannot withold if denied: the weight is too heavy - must give for no return as thought is given in solitude in all the excellence of it excess. The warm bodies shine together in the darkness, the hand moves to the center of the flesh, the skin temples in happiness and the soul comes joyful to the eye - yes, yes, that's what I wanted, I always wanted, I always wanted, to return to the body where I was born. |
| | | Invité / Invité Mer 23 Juil 2008 - 20:00 | |
| IBO / j'irais (en latin)
Dites, pourquoi, dans l'insondable Au mur d'airain, Dans l'obscurité formidable Du ciel serein,
Pourquoi, dans ce grand sanctuaire Sourd et béni, Pourquoi, sous l'immense suaire De l'infini,
Enfouir vos lois éternelles Et vos clartés? Vous savez bien que j'ai des ailes, O vérités!
Pourquoi vous cachez-vous dans l'ombre Qui nous confond? Pourquoi fuyez-vous l'homme sombre Au vol profond?
Que le mal détruise ou bâtisse, Rampe ou soit roi, Tu sais bien que j'irai, Justice, J'irai vers toi!
Beauté sainte, Idéal qui germes Chez les souffrants, Toi par qui les esprits sont fermes Et les coeurs grands,
Vous le savez, vous que j'adore, Amour, Raison, Qui vous levez comme l'aurore Sur l'horizon,
Foi, ceinte d'un cercle d'étoiles, Droit, bien de tous, J'irai, Liberté qui te voiles, J'irai vers vous!
Vous avez beau, sans fin, sans borne Lueurs de Dieu, Habiter la profondeur morne Du gouffre bleu,
Ame à l'abîme habituée Dès le berceau, Je n'ai pas peur de la nuée; Je suis oiseau.
Je suis oiseau comme cet être Qu'Amos rêvait, Que saint Marc voyait apparaître A son chevet,
Qui mêlait sur sa tête fière, Dans les rayons, L'aile de l'aigle à la crinière Des grands lions.
J'ai des ailes. J'aspire au faîte; Mon vol est sûr; J'ai des ailes pour la tempête Et pour l'azur.
Je gravis les marches sans nombre. Je veux savoir; Quand la science serait sombre Comme le soir!
Vous savez bien que l'âme affronte Ce noir degré, Et que, si haut qu'il faut qu'on monte, J'y monterai!
Vous savez bien que l'âme est forte Et ne craint rien Quand le souffle de Dieu l'emporte! Vous savez bien
Que j'irai jusqu'aux bleus pilastres, Et que mon pas, Sur l'échelle qui monte aux astres, Ne tremble pas!
L'homme en cette époque agitée, Sombre océan, Doit faire comme Prométhée Et comme Adam.
Il doit ravir au ciel austère L'éternel feu; Conquérir son propre mystère, Et voler Dieu.
L'homme a besoin, dans sa chaumière, Des vents battu, D'une loi qui soit sa lumière Et sa vertu.
Toujours ignorance et misère! L'homme en vain fuit, Le sort le tient; toujours la serre! Toujours la nuit!
Il faut que le peuple s'arrache Au dur décret, Et qu'enfin ce grand martyr sache Le grand secret!
Déjà l'amour, dans l'ère obscure Qui va finir, Dessine la vague figure De l'avenir.
Les lois de nos destins sur terre, Dieu les écrit; Et, si ces lois sont le mystère, Je suis l'esprit.
Je suis celui que rien n'arrête Celui qui va, Celui dont l'âme est toujours prête A Jéhovah;
Je suis le poëte farouche, L'homme devoir, Le souffle des douleurs, la bouche Du clairon noir;
Le rêveur qui sur ses registres Met les vivants, Qui mêle des strophes sinistres Aux quatre vents;
Le songeur ailé, l'âpre athlète Au bras nerveux, Et je traînerais la comète Par les cheveux.
Donc, les lois de notre problème, Je les aurai; J'irai vers elles, penseur blême, Mage effaré!
Pourquoi cacher ces lois profondes? Rien n'est muré. Dans vos flammes et dans vos ondes Je passerai;
J'irai lire la grande bible; J'entrerai nu Jusqu'au tabernacle terrible De l'inconnu,
Jusqu'au seuil de l'ombre et du vide, Gouffres ouverts Que garde la meute livide Des noirs éclairs,
Jusqu'aux portes visionnaires Du ciel sacré; Et, si vous aboyez, tonnerres, Je rugirai. |
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