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 Les plus beaux poèmes

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Eva Li
   
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Eva Li  /  Fiancée roide


Tu as raison. Je l'ai rajouté en version originale.
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Nuée
   
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Nuée  /  Douce épine


Ma bohème



Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;

Mon paletot aussi devenait idéal;

J'allais sous le ciel, Muse! et j'étais ton féal;

Oh! là! là! que d'amours splendides j'ai rêvées!



Mon unique culotte avait un large trou.

-Petit Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.

-Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou.



Et je les écoutais, assis au bord des routes,

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;



Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,

Comme des lyres, je tirais les élastiques

Des mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!

Arthur Rimbaud (1854 ; 1891)
 
Carol
   
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Carol  /  La reine morte


Rimbaud a la cote. Smile J'adore ce topic tout plein.

Sonnets XVIII - William Shakespeare

Shall I compare thee to a summer's day?
Thou art more lovely and more temperate:
Rough winds do shake the darling buds of May,
And summer's lease hath all too short a date:
Sometime too hot the eye of heaven shines,
And often is his gold complexion dimm'd;
And every fair from fair sometime declines,
By chance or nature's changing course untrimm'd;
But thy eternal summer shall not fade
Nor lose possession of that fair thou owest;
Nor shall Death brag thou wander'st in his shade,
When in eternal lines to time thou growest:
So long as men can breathe or eyes can see,
So long lives this and this gives life to thee.
 
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Invité  /  Invité


Prélude


Tu ne me connais pas, tu ne sais qui je suis,
Tu ne m'aperçois pas, le soir, quand je te suis,
Quand se perd ma pensée en tes lueurs de femme,
Quand je m'en vais, noyant mes sens, noyant mon âme
Dans les candeurs et les fraîcheurs de ta beauté.
Tes regards clairs, pareils à des matins d'été,
Si chastement encor s'arrêtent sur les choses :
Tu n'as jamais su voir le trouble que tu causes,
Jamais tu n'as su voir, en passant devant moi,
Que je m'émeus et souffre, et pâlis près de toi !
À qui donc seras-tu ? Qui boira la lumière
De tes yeux ? Qui verra l'ivresse printanière
De ton premier amour ? Un soir, quel bienheureux
Te tiendra sur son coeur comme un oiseau peureux ?
Oh ! qui déroulera ta jeune chevelure ?
Qui viendra respirer, ô fleur, ton âme pure,
Et par de longs baisers courant sur tes bras nus
Fera passer en toi les frissons inconnus ?
Et moi, qui si longtemps t'ai cherchée et rêvée,
Je dois donc te quitter, lorsque je t'ai trouvée !

Jean LAHOR
 
Nuée
   
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Nuée  /  Douce épine


Poésie contemporaine, slam et expression orale:
Toucher l'instant.
On a trempé notre plume dans notre envie de changer de vision
De prendre une route parallèle, comme une furtive évasion
On a trempé notre plume et est-ce vraiment une hérésie
De se dire qu'on assume et qu'on écrit de la poésie
Il existe paraît-il, un instant dans l'écriture
Qui oublie la page blanche et efface les ratures
Un véritable état second, une espèce de transe
Qui apparaît mystérieusement et s'envole en silence
Que l'on rape ou que l'on slame, on recherche ce moment
Il allume une flamme qui nous éclaire brièvement
Cette flamme est la preuve, laisse moi t'en faire une démo
Qu'il est possible de combattre le mal par les mots
C'est tout sauf une légende, on espère juste toucher l'instant
Les quelques secondes du poète qui échappent à l'espace-temps
Les moment rares et irréels que la quiétude inonde
Rouda, n'oublie jamais notre parole du bout du monde
On ressent comme une coupure dans la vie, comme un rêve
On oublie les coups durs de la vie, comme une trêve
C'est un phénomène puissant, je ne te parle pas d'inspiration
Mais d'un souffle plus profond comme une seconde respiration
On voit et on entend l'encre devenir vivante
On goûte et on sent la saveur d'une rime errante
On touche du doigt l'instant qui nous enveloppe de sa puissance
C'est sans cesse la renaissance de l'essence même de nos cinq sens
C'est le moment où on passe de l'autre côté des paysages
On sympathise avec le vent et on tutoie les nuages
Il fait jour en pleine nuit et il fait nuit en plein jour
Profite de cet instant, il ne durera pas toujours
C'est tout sauf une légende, on espère juste toucher l'instant
Les quelques secondes du poète qui échappent à l'espace-temps
Le moment où le voile se lève et la magie s'élance
Là où j'ai croisé Souleymane au bout du sixième silence
Si on a pas atteint le Nirvana, on doit en être au seuil
Pourtant je suis simplement assis là devant ma feuille
Peut-être que cet instant n'existe que dans mon esprit
Et que je suis complètement mythomane lorsque j'écris
Mais laisse moi mon stylo, y'a pas moyen que je m'arrête
J'ai une envie d'écrire comme t'as une envie de cigarette
Et pour m'enlever ce désir je te demanderais de repasser
Car tant que je pourrais écrire je continuerai de penser
Que c'est tout sauf une légende, on espère juste toucher l'instant
Les quelques secondes du poète qui échappent à l'espace-temps
Les moments que l'on redécouvre, que l'on connaît plus ou moins
Tu l'as déjà touché Jacky, j'en suis témoin
On a trempé notre plume dans notre envie de changer de vision
De prendre une route parallèle, comme une furtive évasion
On a trempé notre plume et est-ce vraiment une hérésie
De se dire qu'on assume et qu'on écrit de la poésie.



Grand Corps Malade
 
Scan
   
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Scan  /  Tapage au bout de la nuit


Maurice Maeterlinck
Visions

Je vois passer tous mes baisers,
Toutes mes larmes dépensées ;
Je vois passer dans mes pensées
Tous mes baisers désabusés.

C'est des fleurs sans couleur aucune,
Des jets d'eau bleus à l'horizon,
De la lune sur le gazon,
Et des lys fanés dans la lune.

Lasses et lourdes de sommeil,
Je vois sous mes paupières closes,
Les corbeaux au milieu des roses,
Et les malades au soleil.

Et lent sur mon âme indolente,
L'ennui de ces vagues amours
Luire immobile et pour toujours,
Comme une étoile pâle et lente.
 
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Invité  /  Invité


La Chevelure de Stephane Mallarmé


La chevelure vol d’une flamme à l’extrême
Occident de désirs pour la tout déployer
Se pose (je dirais mourir un diadème)
Vers le front couronné son ancien foyer

Mais sans or soupirer que cette vive nue
L’ignition du feu toujours intérieur
Originellement la seule continue
Dans le joyau de l’œil véridique ou rieur

Une nudité de héros tendre diffame
Celle qui ne mouvant astre ni feux au doigt
Rien qu’à simplifier avec gloire la femme
Accomplit par son chef fulgurante l’exploit

De semer de rubis le doute qu’elle écorche
Ainsi qu’une joyeuse et tutélaire torche
 
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Paul verlaine

Il pleure dans mon coeur


Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !
 
Onicosmo
   
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   Pensée du jour  :  "Deux rimes en or pour mille enfers"
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Onicosmo  /  Roland curieux


Relique, Bertrand Werbrouck

En manque d’inspiration, je me rappelais les printemps sévères d’une saison bohémienne, le faste grotesque et impudique du blasphème de ce qui naît. Cette cérémonie profane se cueillait en bouquets de mille sons, mille couleurs, mille odeurs : les vins capiteux, sang neuf, la boue mystique, les fumées houleuses aux contours dénudés, les courants troubles, célestes et infinis. Ce viol cosmique m’échappait et apparaissait déjà la première ride de mon âme.

La lumière a coulé depuis et je revois ces choses comme on entre dans un temple sans dieux, pour se recueillir. C’est une glace frémissante où se figent les haillons d’un temps qui n’a plus d’âge, et où resplendit le reflet plein d’ardeur du créateur !

Tout cela est sur ton visage absent et interdit, idéal, ce visage qui m’appelle mais échappe à mon geste ! Laisse-moi l’anéantir, le faire voler en éclats, y planter une croix, pour l’éternité…
http://onicosmo.canalblog.com
 
Sel
   
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   Localisation  :  Sorry, your request is no longer available.
   Pensée du jour  :  For heaven's sake, don't try to be cynical. It's perfectly easy to be cynical.
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Sel  /  Guère épais


Mon poème préféré :

Citation :
La rose et le réséda de Louis Aragon

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
À la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda


Vraiment magnifique ... Vraiment magnifique.
Je pleure presque chaque fois que je le lis (je ne pleure pourtant pas souvent devant des textes).

Et un autre que j'aime beaucoup aussi :

Citation :
L'adieu de Guillaume Apollinaire

J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps Brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends


Dernière édition par Sélénée le Jeu 1 Mai 2008 - 21:20, édité 1 fois
 
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Carol a écrit:

Sonnet en yx - Stéphane Mallarmé

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d'inanité sonore[,]
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore).

Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.

Mon poème préféré, je le connais par cœur, même bourré. Et c'est très classe en société.
 
St. K
   
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   Pensée du jour  :  Dans ton cul.
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St. K  /  Tentatrice chauve


Gaily bedight,
A gallant night
In sunshine and in shadow,
Had journeyed long,
Singing a song,
In search of El Dorado.

But he grew old -
This knight so bold -
And - o'er his heart a shadow
Fell as he found
No spot of ground
That looked like El Dorado.

And, as his strength
Failed him at length,
He met a pilgrim shadow -
"Shadow, said he,
"Where can it be -
This land of El Dorado?"

"Over the Mountains
Of the Moon,
Down the Valley of the Shadow,
Ride, boldly ride,"
The shade replied -
"If you seek for El Dorado."

... C'est Poe.
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Tim
   
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   Pensée du jour  :  Oui, je connais cette théorie.
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Tim  /  Morceau de musique survitaminé


Ma, c'est bien ce qu'il me semblait, le poème en Yx est déjà à la page d'avant.
http://timslam.blogspot.com
 
Eva Li
   
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Eva Li  /  Fiancée roide


SONG de Allen Ginsberg (extrait de Howl)


Le poids du monde
est amour.
Sous le fardeau
de solitude,
sous le fardeau
d'insatisfaction
le poids,
le poids que nous portons
est amour.
Qui peut nier?
Rêvé
il touche
le corps,
pensé
construit
un miracle,
imaginé
angoisse
jusqu'à naissance
dans l'humain -
regarde par le coeur
brûlant de pureté -
car le fardeau de vie
est amour,
mais nous portons le poids
avec lassitude
et devons ainsi reposer
dans les bras de l'amour
à la fin,
reposer dans les bras
de l'amour.
Nul repos
sans amour,
nul sommeil
sans rêves
d'amour -
soyez fou ou glacé
obsédé d'anges
ou de machines,
le voeu dernier
est amour
- ne peut être aigri
ne peut dénier
ne peut s'abstenir
si dénié:
le poids est trop lourd
- doit donner
sans retour
comme la pensée
est donnée
en solitude
dans toute l'excellence
de son excès.
Les corps chauds
brillent ensemble
dans l'obscurité,
la main s'avance
vers le centre
de la chair,
la peau tremble
de bonheur
et l'âme vient
joyeuse à l'oeil -
oui, oui,
c'est ça
qu'je voulais,
j'ai toujours voulu,
j'ai toujours voulu,
retourner
au corps
où je suis né.


The weight of the world
is love.
Under the burden
of solitude,
under the burden
of dissatisfaction
the weight,
the weight we carry
is love.
Who can deny?
In dreams
it touches
the body,
in thought
constructs
a miracle,
in imagination
anguishes
till born
in human -
looks out of the heart
burning with purity -
for the burden of life
is love,
but we carry the weight
wearily,
and so must rest
in the arms of love
at last,
must rest in the arms
of love.
No rest
without love,
no sleep
without dreams
of love -
be mad or chill
obsessed angels
or machines,
the final wish
is love
- cannot be bitter,
cannot deny,
cannot withold
if denied:
the weight is too heavy
- must give
for no return
as thought
is given
in solitude
in all the excellence
of it excess.
The warm bodies
shine together
in the darkness,
the hand moves
to the center
of the flesh,
the skin temples
in happiness
and the soul comes
joyful to the eye -
yes, yes,
that's what
I wanted,
I always wanted,
I always wanted,
to return
to the body
where I was born.
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Invité  /  Invité


IBO / j'irais (en latin)


Dites, pourquoi, dans l'insondable
Au mur d'airain,
Dans l'obscurité formidable
Du ciel serein,

Pourquoi, dans ce grand sanctuaire
Sourd et béni,
Pourquoi, sous l'immense suaire
De l'infini,

Enfouir vos lois éternelles
Et vos clartés?
Vous savez bien que j'ai des ailes,
O vérités!

Pourquoi vous cachez-vous dans l'ombre
Qui nous confond?
Pourquoi fuyez-vous l'homme sombre
Au vol profond?

Que le mal détruise ou bâtisse,
Rampe ou soit roi,
Tu sais bien que j'irai, Justice,
J'irai vers toi!

Beauté sainte, Idéal qui germes
Chez les souffrants,
Toi par qui les esprits sont fermes
Et les coeurs grands,

Vous le savez, vous que j'adore,
Amour, Raison,
Qui vous levez comme l'aurore
Sur l'horizon,

Foi, ceinte d'un cercle d'étoiles,
Droit, bien de tous,
J'irai, Liberté qui te voiles,
J'irai vers vous!

Vous avez beau, sans fin, sans borne
Lueurs de Dieu,
Habiter la profondeur morne
Du gouffre bleu,

Ame à l'abîme habituée
Dès le berceau,
Je n'ai pas peur de la nuée;
Je suis oiseau.

Je suis oiseau comme cet être
Qu'Amos rêvait,
Que saint Marc voyait apparaître
A son chevet,

Qui mêlait sur sa tête fière,
Dans les rayons,
L'aile de l'aigle à la crinière
Des grands lions.

J'ai des ailes. J'aspire au faîte;
Mon vol est sûr;
J'ai des ailes pour la tempête
Et pour l'azur.

Je gravis les marches sans nombre.
Je veux savoir;
Quand la science serait sombre
Comme le soir!

Vous savez bien que l'âme affronte
Ce noir degré,
Et que, si haut qu'il faut qu'on monte,
J'y monterai!

Vous savez bien que l'âme est forte
Et ne craint rien
Quand le souffle de Dieu l'emporte!
Vous savez bien

Que j'irai jusqu'aux bleus pilastres,
Et que mon pas,
Sur l'échelle qui monte aux astres,
Ne tremble pas!

L'homme en cette époque agitée,
Sombre océan,
Doit faire comme Prométhée
Et comme Adam.

Il doit ravir au ciel austère
L'éternel feu;
Conquérir son propre mystère,
Et voler Dieu.

L'homme a besoin, dans sa chaumière,
Des vents battu,
D'une loi qui soit sa lumière
Et sa vertu.

Toujours ignorance et misère!
L'homme en vain fuit,
Le sort le tient; toujours la serre!
Toujours la nuit!

Il faut que le peuple s'arrache
Au dur décret,
Et qu'enfin ce grand martyr sache
Le grand secret!

Déjà l'amour, dans l'ère obscure
Qui va finir,
Dessine la vague figure
De l'avenir.

Les lois de nos destins sur terre,
Dieu les écrit;
Et, si ces lois sont le mystère,
Je suis l'esprit.

Je suis celui que rien n'arrête
Celui qui va,
Celui dont l'âme est toujours prête
A Jéhovah;

Je suis le poëte farouche,
L'homme devoir,
Le souffle des douleurs, la bouche
Du clairon noir;

Le rêveur qui sur ses registres
Met les vivants,
Qui mêle des strophes sinistres
Aux quatre vents;

Le songeur ailé, l'âpre athlète
Au bras nerveux,
Et je traînerais la comète
Par les cheveux.

Donc, les lois de notre problème,
Je les aurai;
J'irai vers elles, penseur blême,
Mage effaré!

Pourquoi cacher ces lois profondes?
Rien n'est muré.
Dans vos flammes et dans vos ondes
Je passerai;

J'irai lire la grande bible;
J'entrerai nu
Jusqu'au tabernacle terrible
De l'inconnu,

Jusqu'au seuil de l'ombre et du vide,
Gouffres ouverts
Que garde la meute livide
Des noirs éclairs,

Jusqu'aux portes visionnaires
Du ciel sacré;
Et, si vous aboyez, tonnerres,
Je rugirai.
 
   
    
                         
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