Bonsoir à tous,

J'ai tendance à avoir pas mal de jeunes femmes au sang chaud et pas forcément trop de clairvoyance comme protagonistes. Souvent tempérées par une autre femme plus mature et sage mais moins proactive. Du bon vieux red oni blue oni.

Elles vieillissent avec moi, là ou j'en suis j'en compte au moins quatre. Opale qui n'a eu qu'une paire de nouvelles, Bimbette qui en a eu une petite dizaines, Martine qui a son roman en cours et Caroline qui a une paire de nouvelles comme origin story et d'autres à venir. Et mon prochain projet... implique aussi une jeune femme.

Sans trop savoir pourquoi, j'ai l'impression de mieux arriver à m'exprimer en mettant en scène l'autre genre.

Mes héros sont surtout des héroïnes (3 romans sur 4) !
Elles sont assez innocentes/naïves au début, mais prennent de la maturité au fil du roman et de l'expérience. Elles ont bon coeur mais des failles. Et elles sont en prise avec des histoires d'amour impossibles (j'aime la tragédie).
Physiquement elles ont souvent les cheveux noirs, longs et épais (sans doute parce que je rêve d'avoir les cheveux des femmes orientales  )
Elles vieillissent au même fil que moi plus ou moins. Au début elles étaient très jeunes, maintenant j'aime bien en faire qui ont la trentaine. Bon ça dépend aussi des histoires !

Bonjour Laurent.

Intéressante question.

Je ne me l’étais jamais posée, mais maintenant que tu en parles, oui, tous mes personnages d’un roman à l’autre sont de la même trempe. Du moins psychologiquement, hommes comme femmes, car, physiquement, ils sont aussi différents l’un de l’autre que peut l’être un éléphant d’une grenouille.

Et non, contrairement à ce que je lis ici et là, sur les écrivains, ils ne me ressemblent pas le moins du monde et je n’y projette aucune partie de moi. Si c’était le cas, je ferais déjà la une des journaux depuis bien des années (rire). Ce qui ne veut pas dire que je n’y projette pas un certain idéal, mais qui est aux antipodes de ce que je suis. Et surtout pas de ce que je voudrais être en supposant que je ne sois pas content d’être moi-même. Je suis très bien comme je suis, merci.

[EDIT]
Ta question me fait beaucoup cogiter.

Je crois, tout bien pesé, que, si mes personnages n’ont vraiment rien de moi, contrairement à ce que disent beaucoup d’écrivains ici, et sans vouloir faire de la psychologie de comptoir, il est probable que c’est de ma part une sorte de protection, de bouclier que je mets entre le lectorat et moi. Une frontière que je veux impénétrable. Je ne suis pas mes héros, et ils ne sont pas moi. Ce sont deux mondes que je veux tenir bien séparés.

Et en approfondissant encore un peu, je me rends compte que mes personnages sont tous sur le modèle de ce que je considérais comme mes héros dans mes lectures de jeunesse. Livres ou BD, car j’ai vraiment extrêmement très, mais, vraiment, très peu lu dans mon existence.

Un psy en ferai certainement ses délices.

Encore merci pour ce Topic qui me fait découvrir des choses auxquelles je n’avais jamais pensé.
[/EDIT]

C’est vrai, sauf pour quelques écrits, des essais autobiographiques, où là, bien sûr, le personnage principal me ressemble, autrement ce ne serait pas autobiographique n’est-ce pas ? Mais ce ne sont pas des romans. Ce sont certains de mes essais.

En ce qui concerne vieillir en même temps que moi, c’est encore moins vrai. Car alors, s’ils avaient commencé plus âgés que moi dans un roman, ils seraient en déambulateur à l’heure où j’écris ces lignes. Ça doit tenir à ma dyschronie (pathologie qui consiste à ne pas être capable de se situer dans le temps), qui n’est pas le moindre de mes défauts. Mes héros de tous les genres, sont tous jeunes, dans la trentaine, rarement plus de 50 ans et encore c’est exceptionnel, ou alors carrément plus que multicentenaires pour mes romans fantasy ou fantastiques, voire SF.

Je n’ai pas de personnages récurrents, sauf dans les séries de plusieurs romans comme dans "Les enquêtes du commissaire Yann Kerouadec", puisque tout tourne autour de lui d’un roman à l’autre. Normal.  

Merci de m’avoir fait réfléchir à ça.
Tu me fais découvrir des choses sur moi-même (rire).

En toute amitié, Philippe.

J'adore lire des séries de romans. J'aime quand on découvre un personnage au tome 1 et qu'on le quitte vingt ans après en l'ayant suivi sur une grand partie de sa vie. J'aime aussi le cas où on raconte l'histoire d'un groupe et qu'on a des nouvelles par l'intermédiaire des autre protagonistes.
C'est pour ça que je n'arrive pas à envisager un roman unique. Les deux romans que j'ai écrit font parties d'un ensemble.
J'ai un personnage féminin, une héritière américaine qui devient enquêtrice malgré elle... Elle rencontre des gens, se fait des amis, tombe amoureuse et on suit son évolution sur plusieurs tomes.
J'ai d'autres idées de protagonistes principaux, et on tombe dans le même schéma. En règle générale, mes personnages ont souvent des défauts qu'on retrouve chez monsieur et madame tout le monde, j'aime peu les grands héros

Laurent Datünder a écrit:

Je me demandais si vous viviez ou aviez vécu un cas similaire, ou si je suis l'un des rares plumitifs incapables de se renouveler en la matière.

Je dirais que je vis un cas similaire dans le sens où je pars de deux principes : on met forcément de soi dans ses romans et on écrit mieux à propos de ce qu’on connaît. Par conséquent, mes protagonistes sont des morceaux de moi ou des versions de moi en cohérence avec ce que j’étais au moment de les écrire. Je ne pense pas que ce soit toutefois un incapacité à se renouveler. Je pense plutôt que nos personnages évoluent avec nous. Si nos personnages évoluent peu, peut-être évoluons-nous peu aussi ? Pour ma part, mes personnages ont beaucoup évolué, donc voir le lien entre chaque est difficile à moins de me connaître parfaitement. En fait, pour moi, mes protagonistes montrent une récurrence non pas par leur caractère identique, mais par le fait de coller à ce que je suis, quand bien même ça évolue grandement entre chaque roman. C’est le fil rouge qui les relie et qui à mon avis relie les personnages aux autaires, même inconsciemment, même involontairement.

Laurent Datünder a écrit:

Aimez-vous retrouver des personnages "de la même trempe" d'un livre à l'autre ?

Je dirais surtout que j’aime retrouver des personnages qui abordent des sujets qui me tiennent à cœur.  Et si les sujets qui me tiennent à cœur sont de la même trempe… eh bien, peu importe !

Laurent Datünder a écrit:

Au contraire, vos personnages principaux ont-ils chacun peu en commun ?

Mes personnages ont à la fois énormément en commun du fait de venir de la même source, moi-même, et pas seulement dans le sens où je les ai écrits, mais dans le sens où ce sont des morceaux de moi littéralement ; et à la fois énormément de différences parce que chaque personnage est un morceau différent de moi, or je me compose de beaucoup de morceaux très différents. Chaque personnage prend un morceau, puis se complète ce qui le fait différer des autres personnages. Par exemple, mes deux derniers romans mettent chacun en scène deux personnages extrêmement différents du même univers, et pourtant si proches…

Laurent Datünder a écrit:

Avez-vous remarqué un trait qu'ils partagent tous, que ce soit leur sexe, leur profession, leur personnalité ?

J’ai remarqué plusieurs traits. Un qui m’a frappé, c’est l’absence de famille. Mes protagonistes vivent avec une immense solitude au début de l’histoire, et ce n’est pas un hasard…

Laurent Datünder a écrit:

Enfin, y a-t-il un personnage, parmi tous ceux que vous avez créés, qui sort clairement du lot, votre "chouchou" particulier ?

D’un côté je dirais que tous mes personnages sont mes chouchous, de l’autre je dirais que le personnage qui colle le plus à ce que je vis en ce moment a forcément ma préférence dans le sens où je me sens en totale sympathie avec.

Très intéressant comme sujet ! Je suis assez proche de la sensibilité de Uraeus Zahato, dont la réponse au global m'a donné envie d'apporter ma contribution ici.

Alors je n'ai pas ton expérience assez conséquente ! En deux ans et demi, en roman, je compte une trilogie, deux romans uniques, et deux autres romans "tome 1" de leur saga. Plus quatres nouvelles, et quelques autres ptitis trucs. Mais même à partir ça, j'en tire certaines dynamiques : chacun de mes persos possède une part de moi, plus ou moins forte, mais toujours nette pour les protagonistes. Qu'ils soient hommes, femmes, non humains, de toute ethnie possible, de différente culture. 

Il y a deux, voire trois, de mes persos masculins qui sont de très grosses extensions de moi, psychologiquement, en terme de vécu. D'autres sont des extensions de mes connaissances sur divers domaines. Mes persos féminins ont gagné en subtilité, à force de travail et de recherche vers des plumes féminines, pour étendre ma sensibilité, mieux aborder leur création et leur psychologie. Mais même ainsi, en terme de proportions au total, mes persos féminins ont davantage pris de moi que les persos masculins dans leur ensemble. Quasiment tous mes persos féminins ont une belle part de moi, alors que certains persos masculins, c'est assez faible et parfois plus éloigné, voire antinomique plus rarement. À part certains persos masculins qui étaient des miroirs romancés soit de mon existence et vécu, soit de choses qui m'ont traversé, comme j'ai dit.

Je ne pourrais jamais écrire un perso avec lequel je ne suis pas impliqué, où je ne mets pas de moi-même. Je le crée, j'apprends à le connaître en le rédigeant, j'insuffle plus ou moins de moi. Les lecteurs qui me connaissent un minimum vont aisément remarquer des détails, du genre "ah il est sportif, il aime la castagne, il a des douleurs physiques, il a telle mimique, il manque d'assurance dans la vie, il est mal à l'aise socialement", plus que leur personnalité profonde, leur manière de réagir aux événements. Parfois, mes persos partent du même stade que moi, et évoluent plus loin. Parfois ils partent d'un stade antérieur, pour arriver au mien, ou s'arrêter juste avant, en terme de développement.

Des questionnements reviennent souvent chez mes différents persos, effectivement. Ils ont tous un fondement souvent : l'implication, l'importance et la foi qu'ils placent dans leur principes, leurs convictions, qu'ils soient moraux ou religieux. Le sentiment de vocation dans le métier ou l'activité qu'ils mènent. L'importance des émotions, qu'elles soient assumées ou refoulées, plus ou moins impactantes sur eux, mais toujours présentes.

Beaucoup de persos sont souvent talentueux sur le plan martial, et possèdent par conséquent une constitution physique très développée. Plus qu'un fantasme inaccompli (encore que ça va pour moi de ce côté), c'est une question de cohérence : un perso type opérateur des forces spéciales se doit de posséder un physique largement supérieur à la norme par exemple. Mais les traits physiques, c'est très variable. À dire vrai, leur visage final ne se décide qu'à la relecture pour moi : j'ai besoin de les rédiger, d'apprendre à les connaître, de les voir vivre les péripéties que je leur soumets, que ma narration leur soumet en définitive, pour avoir une idée plus fixée à ce sujet. Ça m'est déjà arrivé de partir sur une image pour tel perso, et qu'au final elle change beaucoup durant la relecture. Raison pour laquelle je délaisse les descriptions durant le premier jet.

J'ignore si j'ai des chouchous. Je les aime tous, vraiment beaucoup. Parfois, plus ils sont salauds et éloignés de moi en apparence, plus j'ai envie de me montrer indulgent avec eux, leurs actes et leurs erreurs. Alors que plus les persos ont de moi et me ressemblent, plus je pourrais me montrer critique à leur encontre. Je les soutiendrais quoiqu'il arrive, mais je serais plus dur. Cela dit encore quelque chose de moi, avec ma très forte exigence que je m'applique, beaucoup moins aux autres.

Voilà, je pense avoir fait le tour de ce que je voulais dire je crois. C'est déjà pas mal !

Je n'ai pas de réponse certaine mais c'est une question que je me pose ! Comme d'autres l'ont dit, je pense qu'on met un petit peu de soi dans un personnage, de plus ou moins visible... mais je ne sais pas à quel point ce petit bout de moi est toujours le même selon les histoires, ni à quel point il ressort.

J'ai un type de personnage préféré, clairement, qui n'est pas très original : la jeune fille rebelle et aventurière. Clémence, de mon premier roman à paraître, est ce type de personnage, qui a accompagné longtemps mes lectures puis mon écriture. Mais j'écris à côté des personnages assez différents, je pense ? Une prota douce comme de la soie pour un autre roman, une autre acérée comme un éclat de verre brisé, un duo d'hommes matures pour ma nouvelle pour Interstices, un prince rêveur transformé en sirène...

Si ça peut te rassurer, cela dit, Laurent, il m'a fallu beaucoup de nouvelles et d'histoires avant de vraiment varier mes personnages. Retomber sur ses archétypes préférés n'est pas une fatalité : on évolue en tant que personne et en tant qu'écrivain, et nos personnages deviennent de plus en plus variés au fur et à mesure que nous accumulons des expériences différentes ^-^

Il y a de tout chez moi, des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des génies, des boulets, des beaux, des moches, des naïfs, des tourmentés, etc.

fabiend a écrit:

Il y a de tout chez moi, des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des génies, des boulets, des beaux, des moches, des naïfs, des tourmentés, etc.

Cool ça ! Perso, pas envie de rester sur un même type de personnage principal, ce serait trop bête.

Bonjour,

Je n'ai pas l'impression d'écrire sur des personnages uniformes, au contraire.
J'aime bien varier - les genres, les âges, les milieux sociaux, les personnalités...

J'avoue avoir du mal à me projeter dans des personnages queers ou d'origine étrangère, pour des raisons culturelles. Quiconque côtoie quotidiennement (et c'est mon cas) des personnes d'autres cultures, comprend rapidement qu'il est à la fois difficile de comprendre une culture différente, faute de référentiel, et encore plus difficile de retranscrire ladite culture, le lecteur n'ayant pas non plus le référentiel.
C'est une question de respect de ces cultures : je préfère parler de personnes blanches, occidentales et hétéros, aussi longtemps que je ne suis pas en mesure de saisir la justesse d'une culture que je ne maîtrise pas. Je préfère me taire qu'avoir une attitude occidentalo-centrée, méprisante ou fétichiste, ou pouvant apparaître de cette façon. De toute façon, je n'ai pas la prétention d'avoir des référentiels dans lesquels je n'ai pas grandi.
(Bref, voilà pourquoi)