J'ai vu un topic sur Thompson, j'en ai vu un sur Dantec... mais il manque quand même quelques mauvais garçons de la littérature, et notamment le plus talentueux de tous: Irvine Welsh. Pourtant, qui n'a jamais vu Trainspotting, ou seulement entendu parler au moins? Et pour ceux qui l'ont vu, qui n'a jamais été tenté de lire le roman adapté par Boyle?
A lire, Trainspotting est plutôt compliqué: de nombreux personnages qui parlent chacun leur tour sans vraiment prévenir. Alors il faut toujours un certain temps pour comprendre qui parle (hormis pour Spud qui a un langage tout de même assez reconnaissable, mec, c'est genre... enfin tu vois quoi...), sans compter l'argot, le langage des prolos écossais. Mais mis à part ces détails (qui, de toute façon, ne sont rien de plus que la mise en scène du bordel et de la cacophonie, un peu façon Aragon dans La Semaine sainte), le style, le rythme, la verve de Welsh sont purement jouissifs et on prend un foutu plaisir à suivre les mésaventures de cette bande de losers, drogués, délinquants, révoltés... du moment qu'on a plus de 18 ans, parce que Trainspotting est hard, trash, vulgaire, violent et du haut de mes 28 ans je ne peux pas m'empêcher de pousser des petits "haaaaaaa" à la lecture de Trainspotting, évidemment, mais aussi de toutes les oeuvres de Welsh. Il doit m'en rester deux à lire, mais pour l'instant, le meilleur est clairement Porno, suite de Trainspotting, où les quelques malheureux défauts du premier opus ont été corrigés, c'est dire...
Ce bouquin est le meilleur que j'ai lu pour diverses raisons. Parce qu'il me fait réfléchir. Parce qu'il me divertit. Parce qu'il me choque. Parce qu'il me procure des émotions. Parce qu'il me fait rire. Parce qu'il est à deux doigts de m'arracher des larmes. J'ai déjà retrouvé tout ça dans d'autres bouquins mais... séparément, jamais dans le même bouquin. C'est donc un tour de force.

J'ai acheté Une ordure et Recettes intimes de grands chefs qui sont juste derrière moi. J'appréhende avec délice de m'immerger dedans et d'en ressortir sans doute plus mauvais que je ne le suis aujourd'hui, mais après avoir pris un plaisir d'enfer...

Irvine Welsh ...Je n'ai lu que "The Acid House" de lui, qui commence par un recueil de nouvelles et fini par un mini roman, l'année dernière. C'est parfois un peu difficile de suivre les passages oraux rédigés avec la phonétique prolo écossaise, mais ça n'en reste pas moins un bouquin génial. Mon auteur anglophone préféré jusqu'à présent. Je dois absolument emprunter Porno au belge à la rentrée, pour continuer sur la lancée.

C'est percutant, crade et très humain à la fois. "European Junk" m'avait particulièrement marqué, à ce niveau là. Une très belle histoire sous une fange de drogue, d'alcool, de gros mots, de prostitution et de lubrifiant.

Dommage que tout ne soit pas traduit et que je sois trop mauvais en anglais pour apprécier la VO... Cela dit chapeau pour la traductrice (me souviens plus de son nom), c'est un sacré challenge de traduire ce genre de bouquin!

Disons qu'il faut s'habituer à l'écossais oral, mais on s'y fait vite. J'ai pas encore lu de traductions, mais je devrais, un jour, si elles sont bonnes. Etant moi-même versé dans le domaine, j'admire vraiment les traducteurs littéraires.

N'ayant pas fait la comparaison VO/VF, je ne suis pas bien placé pour juger mais la version VF est vraiment excellente et je me suis demandé pas mal de fois à quel point ça pouvait être difficile étant donné certaines tournures et connaissances spécifiques à avoir.

Trainspotting, culte. Irvine Welsh, et Hubert Selby, fondateurs du trash roman...

Et il ne faut pas oublier qu'il a un nom super classe, c'est important. Mais moins que Hunter S. Thomson, c'est le S. qui fait tout.

Je viens d'ailleurs de finir Trainspotting aujourd'hui. Plutôt très bon : Porno est mieux maîtrisé mais moins percutant.
A suivre ^^

Recettes intimes de grands chefs pour la suite alors? ^^

Eh bien, si c'est un conseil, va pour "Recettes intimes de grands chefs" =)

C'est ça ou Extasy, en sachant que ce dernier, c'est le summum niveau trash ^^

Ah... P't'être bien que je vais choisir "Extasy" alors ^^ (ils y passeront tous de toute façon ^^)

Pour ceux qui ont lu Trainspotting, je conseille sans hésiter la suite, Porno.

Perso, Trainspotting j'ai plutot décroché, c'est trop brouillon comme bouquin - pour une fois que c'est moi qui dit ca-. Porno, les personnages sont bien plus affirmés, et intéressants. Et ca va quelque part.

Quand j'repense à ce bouquin, j'ai l'impression de me rappeler de vieux copains de vacances.

'Parait qu'il va sortir la suite, sur l'enfance de Renton et Sick boy. Ca m'interesse, de savoir la situation dans ces quartiers d'Édimbourg à une autre periode.

(je déterre. jetez moi des pierres.)

Le sujet n'était pas encore mort mais presque enterré, et pourtant je me dois de le revitaliser un peu, pour apporter mon avis qui va à l'encontre de ce qui avait était dis dans les lointaines années 2010s.

J'ai lu Trainspotting après avoir vu le film de Danny Boyle - que j'ai adoré au passage - et je suis tombée sous le charme du bouquin. La structure éclatée et l'absence ou presque d'une intrigue m'ont surprise au premier abord, mais font partie intégrante de ce qui faisait pour moi l'originalité du livre. Et thématiquement l’œuvre était terriblement cohérente : on a l'impression d'aller nul part, comme ses personnages qui sont coincés dans un trou à rat et le cercle infernal de leurs propres comportements. Trainspotting a le génie de nous dépeindre un univers, une ambiance, un quartier et des expériences de vie avec brio et sans complaisance, même sans fil narratif principal. Un peu comme la vie finalement.
Chaque personnage avait de plus sa propre identité, qu'on apprenait à reconnaître en cours de lecture. Mon favori personnel était apparemment celui du réalisateur qui a choisit sa narration pour adapter le livre, Mark dit Rent Boy, esprit brillant mais nihiliste qui est tout au long du livre très conscient des dérives de son comportement, et lucide sur le monde qui l'entoure. Mais tous ces rebuts de la société finissaient par attirer si ce n'est notre acception notre empathie, même la brute épaisse et tyrannique qu'est Begbie ou le dragueur égocentrique et méprisant qu'est Sick Boy.

Bref, je suis fan, et cette lecture m'a fait reconsidéré mes conceptions de la construction d'un roman ou d'une intrigue.

En toute logique j'ai enchaîné sur Porno. Et dieu que cette lecture a été éprouvante, et c'est avec dégout mais aussi une sorte de fascination morbide que j'ai réussit à l'achever. Encore plus trash et sulfureux que le précédent, il ne parle plus seulement de drogues mais aussi d'industrie pornographique, ce qui en soit n'était pas un mauvais choix, et pas si éloigné du monde du premier. Mais j'ai détesté ou presque cette lecture, et ce peut être indépendamment des qualités littéraires réelles du bouquin que je n'ai pas été capable d'atteindre.

Si Porno m'a, contrairement à ce que j'ai lu ici, tant rebuté, c'est de par ses personnages. Ils sont tous détestables. Qu'on s'entende bien, ceux-ci étaient déjà sacrement déviants et capables des pires bassesses dans le premier livre, mais j'avais finit par comprendre chacun d'entre eux et à m'y attacher. Ce n'est plus le cas ici. (Est-il nécessaire de s'attacher ou non aux personnages d'un roman, ceci est un autre débat philosophique que je ne compte pas spécialement ouvrir, mais j'estime ici qu’haïr profondément tout ce qui constitue une bonne partie des personnages d'un roman n'est pas forcement un résultat souhaitable).
Les personnages déjà présents n'ont pas réussit à m'accrocher comme dans le premier. Déjà, la voix principale n'est ici plus Mark mais Sick Boy, et je n'ai pas les mots pour dire à quel point j’exècre cette crevure dans ce tome. Salaud dès le départ, ce que j'avais accepté dans Trainspotting, je l'ai trouvé ici de plus en plus insupportable alors que les pages passaient. Et je dois dire que la nouvelle protagoniste, Nikki, et cela même si je comprends ce que thématiquement elle incarne et dénonce, m'a inspiré le plus profond dégout. J'ai rarement autant détesté un personnage, et je ne parle pas ici "d'adorer détester". Le seul personnage qui avait durant cette lecture une once d'humanité était Spud, personnage simplet mais conscient de l'être. Bien qu'objectivement cohérents en matière d'arc narratif,  ces personnages m'ont rebuté car rien chez eux ne me donnait envie de suivre leur existence, et j'aurais pris bien plus de plaisir à les voir crever dans d'atroces souffrances, ou simplement disparaître. Là où aussi pourris qu'ils soient déjà, je n'avais rien ressenti de cela dans le premier tome. Être choqué ne me déranger pas en soi, sinon je n'aurai pas adoré autant le premier livre, mais ici il n'était pas accompagné d'empathie. Les personnages principaux me dégoutaient par certains de leurs actes - ce qui n'est pas un défaut - mais n'arrivaient pas à me tirer la moindre autre émotion. Je n'ai pas était mal avec eux, ils ne m'ont pas bouleversés (si ce n'est Spud), je n'avais que faire de ce qui leur arrivaient.
Alors oui, cet avis est très subjectif et basé sur un ressenti de lecture, et peut être que Porno n'est qu'une continuation plus trash du premier tome, qu'une lacune en esprit rock m'aurait empêché de savourer pleinement. Peut être. Ou peut être que le second volume n'a tout simplement pas la saveur du premier. Oui il existe ici une véritable intrigue, ou du moins les protagonistes ont des buts qu'ils cherchent à poursuivre et trouvent ou non de résolution au cours du bouquin. Mais ce que beaucoup semble appeler une correction d'une livre brouillon, j'appelle ça la perte d'un charme d'écriture. Trainspotting, c'était finalement la vie en boucle de personnes paumées dans un décor gris comme la plupart de leur pensées. Ce qui m'avait énormément parlé. Porno va quelque part, vers le bas principalement, mais ressemble plus par moment plus à un concours de provocation qu'autre chose.

Le livre n'est pas mauvais dans son genre raclure du genre humain, mais on ne me fera pas croire qu'il a supplanté le petit chef d’œuvre qu'était Trainspotting.