J'aurais tendance à m'aligner sur Silence Ecrit. Si quelqu'un me demande pour lire la dernière page de mon manuscrit, j'en serais sincèrement ravie parce que 1) ça montre son intérêt pour mon projet, 2) chaque lecteur est libre. A partir du moment où on vise une publication, il faut accepter que le texte ne nous appartient plus vraiment et qu'on est prêt à le partager. Si un enfant de six ans décide de faire des coloriages dans mon roman ou d'arracher une page, c'est certes triste mais pas un drame non plus, parce que ça ne me concerne plus. On ne peut pas demander au lecteur de respecter les heures de travail qu'il y a derrière, il fait ce qu'il veut. En tant que lectrice, il m'est arrivé de ne pas aller au bout d'un roman, alors que chaque auteur donne son maximum.
Sincèrement, une trilogie de 600 pages A4 va rebuter certains lecteurs. La fille a dû se dire qu'elle n'avait pas le courage de tout lire, mais que ça l'a rendait tout de même curieuse Quant à la question de la confidentialité, elle se pose autant pour quelqu'un qui aurait lu une page que trois tomes. Chaque personne qui a lu ou entendu parler du texte est susceptible de spoiler. Seulement, la réception d'un spoiler est de toute façon liée à l'intérêt que suscite déjà le roman. Donc pas d'inquiétude Et puis, je crois qu'il faut aussi et surtout arrêter d'angoisser sur le fait qu'on puisse nous voler ou gâcher notre travail. Le partage est la meilleure manière de progresser et c'est dommage de s'en priver par appréhension.

Sinon, ultime solution, arrêter d'écrire dix pages avant la fin.

Là, c'est ton lecteur qui va te trucider si le suspense est du genre insoutenable.

Tant qu'il achète il peut le lire en retourne du côté droit

Merci encore pour vos nouveaux retours.
Fleur-de-Lyss, le texte ne nous appartient plus vraiment lorsqu'il est publié. Avant, il nous appartient encore.
Je n'ai aucun souci qu'un enfant de 6 ans fasse des coloriages dessus. C'est un enfant. Mais qu'une adulte ne respecte pas ma demande, ça me dérange. J'ai juste l'impression qu'elle considérait que je n'avais aucun droit. "Quoi ? Tu veux pas que je lise ta dernière page ? Mais j'en ai rien à f..tre de ce que tu me dis. Je la lis si je veux." De quel droit ? Tu m'expliques ? Cette personne que je connais à peine n'est même pas une lectrice.
Tout ce que tu écris au sujet du "spoiling" est juste. Sauf qu'il s'applique à des ouvrages publiés. Le mien ne l'est pas encore. Pourquoi Georges RR Martin n'a pas souhaité divulguer la fin de Games of Thrones jusqu'ici ? Parce que l'intérêt de la série peut s'effondrer si on en connaît la fin avant.
Pour ce qui est de l'approche du partage, j'ai malheureusement un parcours de vie qui fait que je suis devenu méfiant envers les gens que je ne connaissais pas, ou mal. C'est aussi ce qui explique cette "paranoïa" mais vous auriez vécu ce que j'ai vécu, vous verriez sans doute les choses différemment vous aussi.
Juste un exemple : une collègue de travail à qui j'avais prêté pour 3600 € de documents de formation pendant 2 mois refuse de me les rendre pour préparer un concours auxquels nous sommes inscrits tous les deux ; ce sont MES cours, avec MES notes manuscrites ; elle finit par accepter ; puis je les oublie sur mon bureau en partant en congés d'été alors que je devais les emporter avec moi pour réviser ce concours ; je fais 700 km pour revenir les récupérer 6 jours après : ces documents ont disparu. Je contacte ma collègue qui me répond qu'elle ne les a pas ; au final, au retour de congé un mois plus tard, lorsqu'elle a vu que je ne la soupçonnais plus, elle a fini par me restituer 90% des documents. (90%...) Je vous laisse deviner qui a eu le concours.
C'est juste un exemple. J'en aurais d'autres. Et je précise que cette collègue était hyper sympa avec tout le monde et hyper drôle et tout et tout. Mais juste prête à tout pour réussir.
Et j'en ai connu d'autres tout aussi sympa qui m'ont valu de perdre deux jobs.

Mokkimy, l'un de mes deux betas-lecteurs m'avait "engueulé" pour la fin du tome 1. Paraît que je n'avais pas le droit de le couper là. Mais là, le tome 3, je n'ai pas le choix que de livrer la fin.

Don Rumata, il ne peut pas le lire si je ne lui ai pas donné l'autorisation.
Il se trouve que les cours en question mentionnés ci-dessus étaient des cours de propriété intellectuelle /  industrielle. Ayant quelques connaissances, je te cite le texte adéquat :
Article L121-2 du code de la propriété intellectuelle
L'auteur a seul le droit de divulguer son oeuvre. Sous réserve des dispositions de l'article L. 132-24, il détermine le procédé de divulgation et fixe les conditions de celle-ci.